Pour comprendre ce que le Yoga et la Méditation ont en commun, il y a tout d’abord un travail de mémoire à faire.

L’enfant que nous avons été ne pensait pas le monde, il l’éprouvait. Avant de pouvoir nous exprimer dans la langue qui a bercé notre vie “in utero” et nos toutes premières années, nous étions capables de comprendre beaucoup de choses, d’inter-agir avec notre environnement proche, d’en retirer des connaissances et de faire de nombreuses expériences. D’autant plus marquantes qu’elles sont les premières fois où nous avons goûté, entendu, touché, senti, regardé. Ces traces indélébiles constituent le fondement de ce que nous sommes encore aujourd’hui, même si une grande partie de ce matériau est enfouie. (Note1)

On pourrait dire que l’intelligence “naturelle” de base, celle d’avant le langage est perceptuelle et passe par les sens. Or, notre esprit est mû par les sens et ne cesse de saisir tout ce qui passe à portée. Ainsi, quand notre main touche, caresse une étoffe, l’écorce d’un arbre, une personne, c’est notre esprit qui touche, caresse, ressent et va ensuite enregistrer (mémoriser) les différences pour en faire des catégories. Il en va de même pour chaque sens. Le yoga et la méditation s’intéressent de près au “butinage”permanent de l’esprit. Ils offrent l’un et l’autre la possibilité d’un retour à un monde au-delà des concepts qui serait comme l’envers d’un endroit que nous nommons Réalité. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille exclure la raison, l’intelligence conceptuelle, surtout pas. Que serait notre société sans le fameux “cogito ergo sum” de Descartes ? Notre éducation a choisi de développer en priorité cette forme d’intelligence qui est plus visible que la première et peut se mesurer. Et c’est très bien ainsi.

Pour le yoga et la méditation, ces deux formes d’intelligence perceptuelle et conceptuelle sont d’égale valeur et cohabitent en nous, que nous le reconnaissions ou pas. Dès lors, deux excès seraient à éviter : “exclure la raison et n’admettre qu’elle”cf B.Pascal

Attention toutefois car ces deux disciplines sont des denrées très prisées à l’heure actuelle ! Et, pour les besoins du marché, c’est à dire pour que ce soit vendeur, on a tôt fait de les différencier en créant des catégories voire des oppositions ex nihilo. L’un est perçu comme une pratique physique plus ou moins tonique : le yoga, tandis que l’autre est perçu comme une pratique qui ne toucherait que l’esprit.

Quid du lien corps-esprit qui est la pierre angulaire du yoga comme de la méditation ?

Pour rappel : le mot YOGA désigne à la fois le moyen et le but, soit un ensemble de techniques qui conduisent à l’état méditatif. Même si beaucoup de pratiquants l’ignorent, le yoga est une authentique voie de connaissance de soi. Elle s’appuie sur une éthique de vie, sur des textes qui relatent l’expérience de ceux qui sont allés au-delà du “brassage permanent” de l’esprit. Il y a en amont de ces textes, le fruit d’une expérience humaine irremplaçable qui, en tant que telle, devrait attirer le respect. Et il en va de même pour la méditation.

Pour cheminer avec le yoga et la méditation :

1- avoir des repères fiables : ce ne sont pas des connaissances mesurables. Dès lors, comment faire pour se repérer ? la première règle est de ne pas faire confiance au premier venu, encore moins s’il se présente comme maîtrisant le sujet.

2– le principe de réalité : dans un enseignement sérieux, on ne vous proposera jamais de fuir la réalité tangible, mais simplement d’en reconnaître les limites car tout n’obéit pas à la logique. La raison peut beaucoup mais ne solutionne pas tout, c’est une évidence !

“si tu as un problème, pourquoi t’inquiéter ? cherche une solution. Et, si tu n’as pas de solution, pourquoi t’inquiéter ?” note2

3- s’exercer au quotidien : développer une attitude différente quand un problème se pose en acceptant par exemple, après avoir tout essayé, de ne pas avoir la solution peut grandement nous aider.

Nous aider à sortir de la honte ou de la culpabilité, en finir avec la toute-puissance de l’ego en acceptant que la solution vienne d’ailleurs… peut-être d’un revirement de situation inattendu, d’une personne que nous connaissons à peine, d’un ami ?

Ce changement de perspective va nous aider aussi à limiter le stress dont l’excès est si pernicieux en matière de santé. Se positionner ainsi prendra du temps comme tous les apprentissages nouveaux et importants et requiert de plus un esprit ouvert, curieux et motivé.

4-retombées positives : nous réaliserons au passage que le lâcher-prise n’est pas un laisser-aller Que la fameuse “charge mentale” existe bel et bien mais qu’il y a des moyens habiles, sains, efficaces, pour apprendre à faire avec.

5-vérifier par soi-même : « si tu rencontres Bouddha, tue-le ! »

Pour comprendre véritablement ce que le Yoga et la Méditation proposent, il faut entrer dans l’expérience. Trouver un enseignant sérieux car cela ne s’apprend pas ni par Tuto ni dans les livres. On ne peut pas comprendre la nature de l’esprit à l’aide de concepts et de mots. Par contre, on peut apprendre pas à pas à observer en développant la patience et la persévérance. Le plus difficile est peut-être de ne pas en attendre de résultat immédiat car ce n’est pas mécanique.

YOGA et MÉDITATION privilégient l’être plutôt que l’avoir. Dans cette optique, il ne s’agit pas de collectionner des techniques ou d’acquérir des biens mais de suivre un chemin qui a fait ses preuves.

Il y a néanmoins un aspect rassurant dans cette quête qui, par moment nous semblera insensée, et qui se vérifie toujours : “dans le domaine de l’être, personne ne pourra nous enlever quoi que ce soit” cf A. Desjardins note 3

Pour les Sages : la vraie sécurité ne peut être qu’intérieure. Elle est toutefois difficile à découvrir si nous ne changeons pas d’orientation (la dispersion mentale ordinaire et quotidienne qui nous sert et nous dessert…) et il est impossible de la trouver ailleurs.

Le Yoga et la Méditation conduisent l’un et l’autre à une perception de soi différente : comme si le corps n’avait plus la même densité. Grâce à ces pratiques, nous aurons davantage confiance en nous et en la Vie. Cela nous permettra in fine, de relativiser bien des situations en apparence inextricables et simplifiera notre quotidien.

Peut-être certains parmi nous iront-ils plus loin ? Ils ont sans doute en eux-mêmes d’autres motivations… N’oublions jamais que le résultat de ces pratiques est toujours proportionnel à l’engagement du pratiquant.

Je vous souhaite à tous de bonnes pratiques !

Bibliographie :

Note 1- paragraphe inspiré des travaux de Boris Cyrulnik

Note 2- l’infini pouvoir de guérison de l’esprit de Tulku Thondup

Note 3- les chemins de la Sagesse d’Arnaud Desjardins